Cancer du sein et douleurs vulvaires : quels liens ?

Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la femme. Il représente plus du tiers de l'ensemble des nouveaux cas de cancer chez la femme en France.

Ce cancer résulte d’un dérèglement des cellules du sein, qui se multiplient de façon incontrôlée. Cette multiplication va donner naissance à une masse, plus ou moins palpable à la main, appelée tumeur. C'est l’examen approfondie des cellules cancéreuses, prélevées par biopsie à travers la peau, au niveau du sein, qui établit le diagnostic de cancer.

💡 Le savais-tu ? Le cancer du sein peut affecter ton bien-être vulvaire ! Bien qu’elle ne soit pas directement touchée par le cancer, ta vulve peut aussi en souffrir.

🤔 Tu te demandes certainement, c’est quoi le lien ? On t’explique tout dans cet article !


1. L’effet des traitements sur la vulve

Chaque patient·e est unique, et il existe des cancers de différents types. Les protocoles thérapeutiques sont donc adaptés à chaque situation. Ils peuvent inclure de la chirurgie, de la radiothérapie, de la chimiothérapie, de l’hormonothérapie et des thérapies ciblées.

Bien souvent, une prise en charge pluridisciplinaire est mise en place. Tu peux alors bénéficier d’une chimiothérapie, associée à une hormonothérapie, par exemple. L'objectif est de stabiliser l'évolution de la maladie et d'améliorer la qualité de vie.

Les traitements proposés dépendent en partie du stade auquel le cancer est découvert. Les cancers détectés à un stade précoce nécessitent, en général, des traitements moins lourds et moins agressifs, avec moins d’impact et d’effets indésirables. Un autre intérêt du dépistage précoce, au-delà de la chance de rémission augmentée !

Car oui : les traitements anti-cancéreux sont essentiels, mais malheureusement pas anodins…

A. La chimiothérapie :

C’est le premier traitement responsable de souffrance vulvaire lors d’un cancer du sein. C’est le traitement de référence des cancers du sein métastatiques (= qui se sont propagés à d’autres parties du corps). Ce traitement est administré par voie orale, en comprimés, ou par injection, à l’hôpital.

Le traitement par chimiothérapie passe par le système sanguin et peut donc avoir un impact sur différents tissus et organes — y compris ceux épargnés par le cancer, et parmi eux, notre précieuse vulve 💜 ! Les effets secondaires de la chimiothérapie sont très variables et, heureusement, pas systématiques.

Infections vaginales à répétition :

Les infections vaginales sont dues à la baisse des globules blancs (aussi appelée leucopénie), qui ne peuvent plus remplir leur rôle de défense immunitaire. Les infections seront alors plus fréquentes, car il y a moins d’agents pour les combattre. Il est important d’en parler à ton médecin pour avoir la prescription et les conseils adéquats. Outre le suivi médical, il est important de parler de confort : des solutions peuvent, et doivent t’être proposées, pour améliorer tes sensations, au niveau local.

Modifications vaginales & dyspareunies :

Dans certains cas, une ménopause peut être induite par la chimiothérapie, et ce risque augmente avec l'âge. On pourra assister aux signes typiques de la ménopause, au niveau vulvaire et vaginale : la paroi / la muqueuse peut devenir plus fine, plus sèche et plus vulnérable.

Les rapports sexuels peuvent devenir douloureux : c’est la dyspareunie. La sècheresse vaginale et vulvaire, associée à une baisse du désir et de l’excitation, peuvent aussi entrainer une réduction de la libido et une diminution de la fréquence des rapports sexuels. La sécheresse et les douleurs peuvent parfois être soulagée par l’utilisation de lubrifiant à base d'eau, ou un hydratant vaginal. Prendre son temps, pratiquer une sexualité sans pénétration, etc. : adapter ses pratiques peut permettre aussi de gérer les sensations.

Douleurs liées à une atteinte des nerfs :

Certains médicaments de chimiothérapie peuvent avoir un effet sur les nerfs, et cela peut parfois être à l’origine de l’apparition de douleurs neuropathiques (au niveau de la vulve et/ou ailleurs également). À coté des solutions médicamenteuses prescrites par ton médecin, la physiothérapie et l’activité physique peuvent te soulager.

B. L’hormonothérapie :

Elle est indiquée dans la prise en charge des cancers hormono-dépendants. C’est quoi ? Certains cancers réagissent aux hormones, notamment sexuelles, du fait de la présence de récepteurs hormonaux sur les cellules qui les composent. En stimulant les récepteurs hormonaux des cellules cancéreuses, les hormones sexuelles agissent comme des facteurs de croissance sur les tumeurs mammaires hormono-dépendantes. L’hormonothérapie peut aussi avoir un impact sur ta vulve.

La ménopause induite :

La ménopause artificielle, induite par l’hormonothérapie, entraîne des effets indésirables similaires à la ménopause naturelle. On en a déjà parlé un peu plus haut !

On en profite aussi pour préciser que la personne peut aussi souffrir des bouffées de chaleur et sueurs nocturnes, des insomnies, une prise de poids et des sauts d’humeur, ce qui affectera son bien-être — et, bien souvent, sa libido et ses sensations dans sa sexualité.


Mais, pourquoi on te parle tant de sexualité ? Car, quand on est malade, on a tendance à considérer la sexualité comme annexe, peu prioritaire et/ou même superflu. Mais, au contraire : la préservation d’une sexualité peut parfois être déterminante pour le bien-être, et donc pour le combat de la maladie ! Te connecter à ton corps de manière à réactiver du plaisir est essentiel, pour garder un lien qui n’est pas uniquement cantonné à la médicalisation.



C. Chirurgie, radiothérapie et thérapies ciblées :

La chirurgie se présente sous 2 possibilités :

  • la chirurgie mammaire conservatrice, qui consiste à retirer la masse tumorale avec une marge de tissus sains qui l'entourent, pour conserver la plus grande partie du sein ;

  • la chirurgie mammaire non conservatrice (ou mastectomie), qui consiste elle à retirer la totalité du sein, y compris l'aréole et le mamelon. Parfois, on doit aussi retirer un ensemble de ganglions lymphatiques de l'aisselle : on parle de curage axillaire ou ganglionnaire.

Ces changements chamboulent le corps et la perception de soi. C’est la même chose avec la radiothérapie, qui utilise des rayonnements pour détruire les cellules cancéreuses. Elle consiste à diriger précisément ces rayonnements sur la zone à traiter, tout en préservant le mieux possible les tissus sains et les organes avoisinants. Mais le sein est toujours impacté… Ces changements physiques impactent l’estime de soi, sa confiance — et ainsi, peut impacter la fonction sexuelle.

Seules les thérapies ciblées permettent aujourd’hui de minimiser les effets secondaires, en agissant sur des composantes spécifiques de la cellule cancéreuse. Mais, à l’heure actuelle, les thérapies ciblées sont généralement administrées en complément de la chimiothérapie, la radiothérapie et/ou de la chirurgie.


Néanmoins, le cancer reste toujours un bouleversement psychologique et émotionnel — avec ou sans traitement, avec ou sans effet secondaire ! C’est souvent une épreuve qui marque une nouvelle phase de la vie. Ton rapport à ton corps, à ta sexualité, à la séduction, à tes organes génitaux, à tes envies, vont certainement évoluer…


2. L’expérience de la maladie et l’installation de douleurs sexuelles

A. Un corps qu’on ne reconnait plus…

De nombreux changements corporels bouleversent le corps : opération(s), injection(s), amaigrissement et/ou prise de poids, perte des cheveux, changement de la couleur et de la texture de la peau (et des muqueuses de la vulve aussi !), perte d’un sein (ou des deux), fatigue, sécheresse vaginale, etc.

Tout cela impacte la perception de son corps et l’appréhension de sa sexualité. On a moins de libido, les relations sexuelles deviennent plus compliquées, les douleurs entrainent l’appréhension, qui entrainent la contraction … qui peuvent faire entrer dans un cercle vicieux d’installation de douleurs pelvi-périnéales.

L’impact peut être d’autant plus fort si les seins portent une signification particulière pour la personne traitée : il peut être ou avoir été synonyme de maternité, de séduction, de beauté ou de plaisir. C’est aussi une zone parfois très érogène, partie du corps “plaisir” dans le cadre de pratiques sexuelles appréciées. Ainsi, la perte du sein et/ou le fait d’avoir été malade “à cause” de ce sein peut avoir des répercussions psychiques, qui s’impriment dans les sensations du corps.

Il est souvent nécessaire de prendre le temps de se reconnecter, de se re-découvrir. Un·e sexologue peut aider dans ce parcours !

B. L’anxiété et la dépression, due à la maladie :

À l’annonce d’un cancer du sein, la personne est impliquée dans un parcours de soin pénible, difficile — avec une maladie souvent associée à l’idée de mort. Passer du temps dans les hôpitaux, en blouse ou en pyjama, subir des gestes médicaux désagréables, voire douloureux, et passer entre les mains gantées des médecins provoquent souvent une fatigue physique et morale non négligeable.

Le poids psychologique du parcours est élevé. L’inquiétude et l’anxiété peuvent ainsi s’installer et prendre une grande place dans le quotidien — impactant ainsi tous les aspects de son bien-être, et donc aussi son bien-être sexuel. Tu peux être accompagné·e par des psychologues, des psycho-thérapeutes, ou psychiatres, en fonction de tes besoins.

C. Le cercle vicieux des douleurs vulvaires et sexuelles :

On l’a évoqué plus haut : le fait de ressentir des douleurs peut créer un cercle vicieux d’installation de la douleur chronique. Pour faire simple : la sècheresse entraine une douleur, qui entraine une appréhension, qui entraine une douleur, qui entraine une contraction, qui entraine une douleur — et ainsi de suite. La douleur s’imprime, dans le système nerveux, dans la psychologie et dans le corps de la personne.

L’anxiété et le stress, lié à la douleur, mais aussi lié à la pathologie, seront ainsi propices à la persistance des douleurs. Cela, ajouté à l’atteinte de la perception de sa “féminité” (si ce concept est importante pour la personne), va bouleverser le quotidien sensuel et sexuel.

Si cela arrive, différentes pratiques peuvent aider. Des pros de santé peuvent accompagner un parcours : sexologue, psychothérapeute, psychiatre, etc. Il est souvent important que la personne reste connectée à son corps — et active dans son parcours de ré-appropriation de sa sexualité. Tu peux faire des auto-massages, du corps ET de ta vulve ! Tu peux t’auto-observer pour reconnecter aux zones qui te donnent du plaisir. Tu peux également prendre le temps de mettre en place des jeux sensuels, avec ton·ta·tes partenaires, ou par toi-même.

Il est important de s’intéresser aux douleurs vulvaires et sexuelles dès qu’elles apparaissent. Et, si possible, de les soigner ! Car plus elles auront le temps de s’installer, plus elles seront difficiles à traiter ensuite. Alors, exige l’inclusion d’un suivi de santé sexuelle ! Tu y as le droit.

Précédent
Précédent

comment soutenir une personne atteinte de douleurs vulvaires, en tant que partenaire sexuel·le ?

Suivant
Suivant

Vulvae : Le mini-guide essentiel d’utilisation de l’app’