Les douleurs vulvaires/périnéales et la pratique du vélo
Faire une balade en VTT en famille ou entre ami·e·s, partir à vélo au travail, faire du “ biking ” en salle de sport : voici quelques activités auxquelles certain·es n’ont plus accès. Les pathologies qui concernent la région périnéale et vulvaire peuvent lourdement impacter la pratique, la rendant douloureuse, voire impossible.
Quels types de douleurs ?
La région pelvienne est aussi communément appelée “plancher pelvien”. C’est l’ensemble des muscles qui ferment le bas de notre abdomen. C’est comme un hamac musculaire, compris entre les os de notre bassin. Il maintient certains organes internes, tels que l’utérus, la vessie, les intestins, etc. Le plancher pelvien est aussi un acteur indispensable dans notre corps pour la sexualité, la reproduction, la continence, l’évacuation des scelles, ainsi que la stabilité du corps tout entier.
Le cyclisme est l’un des sports qui sollicite le plus “le siège”. Les personnes atteint·e·s de pathologies vulvaires, telles que le vaginisme ou la dyspareunie, sont souvent contraintes d’abandonner la discipline car la pression à répétition sur le plancher pelvien peut augmenter les douleurs. Le nerf pudendal peut aussi être touché — et la pratique peut déclencher ou accentuer des douleurs pudendales. Ce problème peut être rencontré chez les cyclistes du fait d’une compression entre les os de la fesse et la selle du vélo. engendrant des douleurs et des engourdissements de la région pelvienne. Cette douleur est souvent rencontrée pendant la pratique mais peut se prolonger après la balade.
Enfin, les douleurs vulvaires peuvent être déclenchées par le simple contact. Avec la vulvodynie, la pratique peut être impossible car un seul contact de la vulve sur la selle est souvent très douloureux. De plus, la friction à répétion ainsi que la transpiration peuvent également créer des irritations vulvaires - augmentant alors les symptômes liés au pathologies vulvaires comme la sécheresse intime, les allergies vulvaires cutanées ou encore la vulvo-vaginite non-infectieuse.
Les douleurs vulvaires/pelviennes et la pratique du vélo : une association impossible ?
Tu l’as compris, à première vue, le vélo ne fait pas bon ménage avec notre vulve et notre périnée. Toutefois, si la pathologie vulvaire est partielle ou occasionnelle, cette pratique n’est pas impossible - mais avec quelques ajustements !
Les spécialistes du cyclisme parlent souvent de “triade du cycliste”, quand certaines pratiques dans le vélo sont mal effectuées. Il ne faut pas :
Baisser le nez de la selle vers le bas pour soulager la douleur sur la région vulvaire, car cela crée une pression sur la région pelvienne et anale ;
Essayer de compenser l’abaissement du nez de la selle par une contraction plus importante de la région pelvienne ainsi que l’entre cuisses afin d’être stable sur le vélo, car cela favorise encore plus les irritations ;
Avoir une majeure partie du poids réparti sur “le cockpit” (l’avant du vélo), créant des tensions sur les bras, la région thoracique, et accentuant la pression pelvienne et d’autant plus d’irritations sur la région vulvaire.
Maintenant qu’on sait ce qu’il ne faut pas faire, et les risques que ça comporte… On fait quoi ?!
les bons gestes à effectuer pour éviter d’augmenter ces douleurs :
Avoir une selle adaptée à la physionomie de sa région pelvienne / de son entre-cuisse : cela peut faire toute la différence ! La largeur et le type de la selle sont déterminants. Choisir une selle plus large permet de répartir le poids sur les ischions (les pointes osseuses que l’on retrouve sous les fesses). Cela permet d’éviter une unique pression sur la vulve et la région pelvienne - situation que l’on rencontre fréquemment avec des selles trop fines. Une selle trop fine favorise également des frictions entre les cuisses durant le pédalage.
Bien ajuster le positionnement de la selle : le nez de la selle ne doit ni pointer vers le haut, ni vers le bas. La selle doit être assez haute pour ne pas trop plier le genou et assez basse pour ne pas être sur la pointe des pieds. Celle-ci doit être symétrique et pointer son bec vers le centre du tube du guidon.
Positionner correctement le guidon : il est important de vérifier la potence et la hauteur du guidon, car cela peut influer sur notre perception de la hauteur de la selle et engendrer une mauvaise posture sur le vélo. Cela peut ensuite impacter le positionnement de notre plancher pelvien sur la selle.
Faire un test avant de partir en balade : avant chaque sortie, il est important de vérifier les éléments précédemment cités.
Porter des sous-vêtements adaptés : la transpiration et l’humidité sont souvent les amis des irritations vulvaires. Il est important de se tourner vers des sous-vêtements en coton, afin de garder la vulve au sec et d’éviter les irritations ainsi que les allergies.
Porter un chamois entre la région vulvaire et la selle : Le chamois est un renfort matelassé que l’on retrouve généralement dans un cuissard de cyclisme et qui permet d’atténuer les chocs sur la selle. Il assure aussi le confort et l’hygiène lors de chaque sortie. Comme la selle, il est important de choisir un chamois en fonction de sa morphologie, de son rythme de pratique, de ses sensations et de ses éventuelles allergies cutanées. Il est également important de choisir un chamois et un cuissard avec des matières respirantes.
Choisir des vêtements “respirants” : on privilégie les vêtements amples, afin d’éviter la macération et l’humidité entre les cuisses et au niveau de la région vulvaire.
Maintenir une bonne hygiène : Après le sport, on saute sous la douche — ou, à minima, on essuie sa zone vulvaire pour éviter que la sueur et l’humidité ne viennent créer des démangeaisons et des irritations. Pour nettoyer sa vulve, on évite d’utiliser trop fréquemment des produits lavants. Parfois, le lavage à l’eau claire est suffisant ! Et on n’oublie pas d'hydrater sa vulve si elle est sensible.
ET Comment atténuer les douleurs post-cyclisme ?
Parfois, si on arrive à atténuer les douleurs pendant la pratique, il peut être compliqué d’y échapper après la session. Là encore, quelques gestes simples peuvent aider :
On laisse ses muscles et tissus respirer : on se repose ! On peut aussi espacer ses rapports sexuels - pouvant réactiver la douleur pelvienne. On laisse sa vulve respirer mettant des sous-vêtements et des vêtements confortables — ou même, en ne portant rien, tout simplement.
On hydrate sa vulve quotidiennement : avec de baumes aux compositions “propres”, aux bienfaits apaisants et cicatrisants, sans parfum et qui respectent le PH de la vulve (tu peux relire notre article sur les huiles naturelles pour prendre soin de sa vulve, ici !)
Enfin, avant de commencer le vélo, il est important d’en parler à son·sa spécialiste de santé (médecin, kinésithérapeute, gynécologue, sage-femme, dermatologue etc.) Tu peux également te rendre dans un magasin spécialisé dans le cyclisme, afin qu’on t’aide à choisir une selle et un chamois adaptés, à savoir comment positionner ta selle en fonction de ta pathologie et comment régler la hauteur de ton guidon pour rendre ta sortie plus agréable. Ces conseils s’appliquent au vélo en extérieur mais également au vélo en intérieur.
Nous espérons que tous ces conseils vous aideront à reprendre le vélo - dans la mesure du possible.
A très vite pour un nouvel article ! 💜